Val de Loire entre Angevins, Blésois et domaine royal

En étendant par les armes son domaine jusqu’à la Loire et en se faisant sacrer roi à Orléans en 987, Hugues Capet installe une nouvelle dynastie. Mais au Xe siècle, il n’est qu’un petit seigneur des alentours de Paris sans autorité sur les puissants comtes de Blois et ducs d’Anjou qui ne cessent de s’affronter pour la possession de la Touraine.

Dès l’aube du Xe siècle, une rivalité existe entre les maisons de Blois et d’Anjou pour la possession de Tours et de la Touraine. Chacun y avait ses positions avancées : les angevins à Chinon et à Saumur ; les blésois à Langeais, Loches et Amboise. 

Foulques Nerra (vers 972 ou 987-1040) joue un rôle prédominant pendant cet affrontement, il règne pendant 53 ans sur le comté d’Anjou. Puissant, il est reconnu autant comme fin stratège et chef de guerre capable des pires exactions, que comme pèlerin repentant en Terre Sainte, généreux bienfaiteur de ses gens. 

Le conflit entre les deux maisons a aussi marqué le paysage avec les premiers châteaux. Les deux adversaires quadrillèrent la Touraine et l’Anjou de solides points d’appui, postes de surveillance et de défense. Apparaissent alors les premiers donjons, de charpente à l’origine, puis en pierres, généralement rectangulaires ou carrés qui dominent une basse-cour fortifiée. 

La forteresse de Montboyau à Fondettes, les châteaux forts de Semblancay (Xe), de Langeais (994), de Montrichard (XIe siècle), de Montbazon (vers l’an mil), de Loches (1013-1035), de Montrésor (XIe), et sur le Loir du Lude, de Durtal, ou de la Flèche trouvent tous leurs origines dans ces affrontements. 

Foulques Nerra, notamment, double ces constructions militaires de monuments religieux . On lui doit l’abbaye de Beaulieu et ses deux églises (1003-1004), l'église et l'abbaye de Saint-Nicolas d'Angers (1020), l'église de Saint-Rémy-sur-Loire, la reconstruction de Saint-Martin d'Angers, le prieuré de Notre-Dame-lez-Chateauneuf sur la Sarthe, l'abbaye du Ronceray dans les faubourgs d'Angers (1028) et de nombreux petits prieurés. 

Cette longue rivalité s’achève avec la bataille de Pontlevoy en 1016 puis celle de Saint-Martin-le-Beau en 1044 qui permet au comte d’Anjou, Geoffroy Martel, de parachever l’œuvre de Foulques Nerra. Il prend possession de la totalité de la Touraine. L’amorce du « Grand Anjou Â» est effective.