"Bibi", charpentier de marine, lors d'une balade en Loire vers Cuffy. © Jean-Félix Fayolle

Naviguer sur la Loire

La navigation en Loire s’est profondément transformée, passant d’une économie commerciale connue depuis le XIVe siècle à une économie de loisirs (plaisance, tourisme). Les personnes qui naviguent aujourd’hui peuvent le faire pour différentes raisons.

À titre ludique, pour la recherche des sensations de glisse et d’évasion procurées par une navigation qui permet d’accéder à des endroits isolés et peu anthropisés, pour pêcher, bivouaquer, « robinsonner ». À titre professionnel, dans le cadre de promenades à passagers sur la Loire. Dans le cadre d’un voyage ponctué d’événements artistiques. Ou encore pour transporter des produits du terroir (vins natures, épices, sel). La navigation ligérienne contemporaine se fait selon trois modes de propulsion principaux qu’il est possible de combiner : voile, bourde, moteur. Selon que l’on navigue en remontant ou en descendant la rivière, on pourra se servir de ces différents modes de déplacement. Certains bateaux sont également équipés d’avirons et de dames de nage.

De façon générale, la navigation est moins périlleuse à la remontée car, le courant exerçant une force de direction contraire à celle de la progression du bateau, on se dirige moins vite vers les obstacles. L’anticipation est donc plus aisée. Pourvu que le vent soit favorable à la navigation au portant, la voile est privilégiée à la remontée. Autrement la remontée du courant se fait au moteur. À la descente, par contre, le courant est souvent suffisant pour qu’on n’ait pas à solliciter la propulsion vélique (ni thermique ou électrique). Le tempo s’en trouve de fait changé. On peut aisément se laisser porter par les flots, et naviguer à gré d’eau, en redressant périodiquement la trajectoire du bateau à la bourde. Sur les sections tranquilles, il est fréquent de se rassembler en radeau pour profiter collectivement du rythme apaisé du parcours. Plusieurs systèmes de timonerie co-existent sur les bateaux de Loire actuels : la piautre (employé avant le XIXe siècle), le gouvernail (qui a peu à peu supplanté la piautre à compter du XIXe siècle, et se couple aujourd’hui au moteur in-board), la patouille (un aviron fixé sommairement à l’arrière du fûtreau, qui sert à barrer et peut également faire office de godille pour propulser l’embarcation) et bien évidemment le moteur hors-bord. Avec un moteur hors-bord, on barre en se servant simplement du manche situé dans le prolongement du bloc moteur, sur lequel se situe aussi la manette des gaz, et qui permet d’orienter l’hélice. Un « stick » est souvent utilisé pour prolonger ce manche, et ainsi permettre à la personne qui pilote de s’avancer dans le bateau pour étendre son champ de vision et s’éloigner du bruit du moteur.

Les mariniers et marinières d’aujourd’hui naviguent potentiellement toute l’année dans une démarche de loisirs partagés. Certaines et certains disent préférer la navigation hivernale, pour les conditions qu’elle offre : un bon débit d’eau et du vent. La belle saison est toutefois celle où l’on voit le plus de bateaux sur la Loire, et celle plébiscitée par les bateaux à vocation touristique.

Illustration principale : "Bibi", charpentier de marine, lors d'une balade en Loire vers Cuffy. © Jean-Félix Fayolle