Construction d'un bateau en aluminium et habillage bois dans l'atelier de l'association Boutavant, à Tours. © Jean-Félix Fayolle

Savoir construire des bateaux adaptés au fleuve Loire

La construction des bateaux de Loire recouvre aujourd’hui une pluralité de pratiques qui visent différentes finalités et recourent à des techniques variées. La nature du projet modifie le type et la forme du bateau construit ainsi que les techniques et les matériaux utilisés. Deux options restent clairement distinctes : les constructions en bois et les constructions « mixtes ».

Les bateaux de Loire en bois sont des bateaux à fond plat, munis de levées, construits à clin selon la technique dite « bordé premier ». Les membrures et les courbes qui apportent sa structure au bateau sont mises en place après que le bordé ait été posé. Le chêne (ou une autre essence de « bois dur ») est utilisé pour construire l’entièreté du bateau (avec, dans ce cas, du bois ressuyé (ni vert, ni sec) pour le bordé) ou bien pour les seules pièces structurelles. Dans ce cas, le bordé est fait dans du pin ou dans un autre résineux.

Cette technique de construction est aujourd’hui mobilisée pour fabriquer des répliques de bateaux « historiques » ou pour construire des bateaux aux formes adaptées aux usages et aux conditions de navigabilité contemporaines. Le plan ou les formes générales du bateau (si le bateau est construit sans plan) sont déterminés par la source historique lorsqu’il s’agit d’une réplique ou en accord avec le projet du client. Des gabarits sont utilisés dans certains chantiers pour déterminer les angles, les formes et les proportions.

La construction débute par la mise en place du chantier (structure surélevée en madriers sur laquelle le bateau est construit). Les différentes planches constituant la sole sont taillées pour être jointives et liées les unes aux autres au moyen de goujons. Les joints entre les planches de la sole sont ensuite « palâtrés » (sauf aux extrémités), c’est-à-dire recouverts de palâtres constitués de feuillards galvanisés cloués par-dessus des bandes de feutre goudronnées. La construction se poursuit par le boulonnage des râbles constituant la structure de la sole. L’étape suivante est le cintrage des levées qui consiste à donner une courbure à la sole au niveau des levées avant et arrière. Différentes techniques mobilisant le feu ou la vapeur sont alternativement employées pour assouplir le bois et favoriser sa déformation au moyen de crics. Une fois la sole mise en forme, les bordés sont taillés et mis en place les uns après les autres en partant de la « verge » (le bordé courant le long de la sole) et en remontant jusqu’au « gros bord » (le bordé le plus haut). Les bordés sont le plus souvent montés « à clin », chaque bordé recouvrant le précédent. La zone de recouvrement est étanchéifiée avec des bandes de feutre goudronnées. Les bordés sont liés entre eux grâce à des clous recourbés, formant des agrafes. Aux extrémités du bateau, les levées sont renforcées par une sous-douce à l’avant et un éventuel tableau à l’arrière sur lesquels les bordés sont cloués. La coque ainsi mise en forme est renforcée par des membrures ou des courbes qui assurent la liaison entre les râbles et les flancs du bateau. L’achèvement de la coque permet d’initier l’aménagement du bateau. Selon sa destination, cet aménagement varie. Le bateau peut recevoir une cabane, des pontages, des bancs ou d’autres équipements plus spécifiques. Si le bateau est gréé, son mât et sa vergue sont réalisés, tout comme l’emplanture du mât, le castro et le guinda qui permettent la manœuvre du mât. Les autres éléments de manœuvre du bateau comme le gouvernail ou la piautre et les arronçoirs sont également fabriqués et mis en place.

Avant d’être mise à l’eau, la coque est protégée avec des peintures à base de goudron. Les équipements en bois sont eux huilés avec un mélange d’huile de lin et de térébenthine.

Illustration principale : Construction d'un bateau en aluminium et habillage bois dans l'atelier de l'association Boutavant, à Tours. © Jean-Félix Fayolle