Le Val de Loire est le lieu d’une véritable culture de la pierre. Deux matériaux sont essentiels dans la région, le tuffeau, pierre calcaire, et l’ardoise, un schiste. Leur contraste contribue à la coloration de la lumière du Val et leur utilisation est omniprésente.

On peut ajouter à l’usage systématique de ces deux matériaux une faible part pour la brique des cheminées notamment et une autre pour le grès des plateaux qui sert au pavage et aux soubassements. Mais c’est le tuffeau qui représente le support majeur d’une culture de la pierre.  

Le tuffeau

Le tuffeau est né des différents mouvements géologiques marins qui ont eu lieu il y a des millions d’années en Val de Loire. Les sédiments marins, par compaction et réaction chimique se transforme en divers types de craie, dont les principales sont le tuffeau et le falun. Le tuffeau est une roche calcaire sédimentaire, qui, léguée par les mers du passé ressurgit en tous lieux.  

« Doux tuffeau, blonde pierre à soleil,
Témoin du parchemin et de l’enluminure,
Pain blanc des façades restées sans ride. »  

- Paul Badin, Permanence des fleuves  

« Plus que le marbre dur me plait l’ardoise fine »  

- Du Bellay, Les Regrets, XXXI, 1558 

L'ardoise

Les gisements ardoisiers angevins sont extraits du massif armoricain, ils proviennent des vases argileuses déposées au fonds des mers primaires. Ces vases argileuses se transforment en schiste ardoisier par un phénomène appelé « métamorphisme » qui conjugue de fortes pressions et une grande élévation de température.  

Le schiste offre aux constructeurs des caractéristiques particulièrement intéressantes. Imperméable, de bonne tenue dans le temps, très fissible, il se débite aisément en feuillets de quelques millimètres d’épaisseur. Le poids d’une toiture est ainsi voisin d’une couverture en tuiles.  

L’exploitation de l’ardoise pour la couverture n’est pas attestée avant le XIIe siècle. Elle se développe dès lors rapidement et ce matériau est aussi largement exporté à distance des deux principaux bassins d’extraction situés autour de la ville d’Angers ainsi qu’au nord-ouest de l’Anjou.  

Les ardoises d’autrefois, plus épaisses que celles employées aujourd’hui, souvent allongées, sont posées au clou et constituent à la Renaissance le principal matériau de couverture, du moins pour les bâtiments d’une certaine ampleur.  

« Blois si joliment étagé sur la rive de la Loire indolente, Blois dont les toitures d’ardoises surgissent au-dessus des pierres blanches, parmi les verdures des jardins (…)»  

- André Hallays (1859-1930), En flânant à travers la France. Touraine, Anjou et Maine