Le paysage comme monument © Étienne Davodeau

Le paysage comme monument

Le combat remporté à Serre de la Fare trouve un puissant écho dans l’inscription Unesco qui a suivi en Loire moyenne. Les deux démarches nourrissent l’idée de préserver un fleuve commun où cohabitent humains et autres qu'humains.

Un lien existe entre les luttes pour la préservation de la Loire et l’évolution de la notion de patrimoine historique. En 1992, la Convention du patrimoine mondial intègre les paysages culturels comme une catégorie distincte de sites à protéger. Ils sont définis comme l’œuvre conjuguée des communautés humaines et de la nature. À l’échelle du Val de Loire, les critères retenus lors de l’inscription mentionnent effectivement l’idée d’une relation harmonieuse entre les habitants et le fleuve, prémices d’une réflexion sur les modes de cohabitation de l’ensemble des vivants du territoire.

Précisons que les artisans de l’inscription du Val de Loire n’ont eu aucune intention de consacrer les monuments, mais de faire reconnaître la Loire comme un exemple unique de conservation de formes anciennes d’occupation du territoire. À cette approche historique se superpose une approche sensible, artistique et plus impressionniste : l’orientation du fleuve, est-ouest, qui favorise la navigation, et sa lumière exceptionnelle dessinent un cadre de vie harmonieusement composé de lignes horizontales.

Un territoire né du fleuve

Le territoire délimité à l’origine de l’inscription prend en compte cette double perception : les lieux et vestiges des activités humaines et la dimension esthétique des paysages. Parmi les premiers paysages culturels consacrés en France, et premier site fluvial inscrit au niveau mondial, le Val de Loire constitue un exemple parfait de territoire composé d’éléments patrimoniaux enchâssés dans un paysage agricole ancien, mais toujours actif. Sa forme impose de penser sa conservation à l’échelle d’un territoire né du fleuve.

Ce que les militants de Serre de la Fare et les scientifiques ont défendu en Loire amont trouve un puissant écho en Loire moyenne à travers la reconnaissance internationale liée à l’inscription Unesco. Ils ont fait émerger l’idée d’un fleuve commun, où cohabitent humains et non-humains. Une évolution qui confère des responsabilités aux communautés ligériennes, légitimes dans leur défense du fleuve.

Illustration principale : Le paysage comme monument © Étienne Davodeau