Vendanges, octobre 2009. © Jean-François Souchard.

Vignes, vins, val

Figure majeure des paysages du Val de Loire, le vignoble incarne la relation entre savoir-faire et terroirs. Il raconte l’histoire, la géographie, les fluctuations du commerce et des goûts. Il a su s’adapter et doit maintenant anticiper les changements climatiques.

Indissociables des paysages de la Loire moyenne, les vignobles sont associés aux coteaux calcaires qui bordent la partie du fleuve inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Trente-six appellations sont réparties entre l’Anjou et la Touraine, offrant une large palette de vins issus de plus d’une vingtaine de cépages (principalement le chenin, le sauvignon pour les blancs et le cabernet franc et le gamay pour les rouges).

Du vin dans son eau

Depuis le XXe siècle, les vignobles sont implantés sur les plateaux plus que dans le val. Leur répartition, comme la diffusion des vins, sont des indices précieux du contexte géopolitique du moment. Pour comprendre l’histoire culturelle des paysages viticoles du Val de Loire, il faut chercher à identifier la subsistance de la trame foncière, la présence de caves, de loges de vignes ou d’anciennes closeries. Autant de signes d’un territoire façonné depuis plusieurs siècles par des activités viticoles liées à la géologie du Val de Loire et à la présence du fleuve.

Il faut également distinguer la petite viticulture locale d’origine médiévale, associée à la polyculture, du vignoble dédié au commerce et à l’exportation. Celui-ci s’est adapté aux goûts : les Anglais, puis les Hollandais nous ont aidés à apprécier les vins blancs, en particulier ceux d’Anjou, quand la couronne de France dégustait les rouges d’Orléans. Le vin a suivi les lois du marché, en se conformant aux réglementations ou en bénéficiant de l’essor du commerce fluvial.

Une alliance providentielle

À la fin du XIXe siècle, la crise du phylloxéra a profondément modifié les paysages en quelques décennies : cépages, types de plantations, apparition du fil de fer… Les paysages viticoles restent d’une étonnante vitalité. Fruits des savoir-faire locaux, ils disent beaucoup des capacités d’adaptation des communautés humaines, et nous éclairent sur la rapidité des changements en cours. Le retour de cépages locaux « oubliés », l’essor d’une viticulture biologique, le déploiement de filières locales intégrant leur propre réseau de distribution… Vignes, vignerons et vigneronnes avancent de concert pour maintenir et développer un vignoble respectueux de toutes les formes du vivant, comme une alliance providentielle d’un savoir-faire, d’un lieu et d’un climat.

Illustration principale : Vendanges, octobre 2009. © Jean-François Souchard.