“Que va devenir la Loire… et nous avec ?”
Biologistes et fondateurs de la structure d’exploration et de culture scientifique Natexplorers, Barbara Réthoré et Julien Chapuis sont à l’origine du projet Loire Sentinelle, situé à la confluence des sciences, des arts et de la médiation.
Pourquoi avez-vous choisi la Loire comme “terrain d’étude” ?
Déjà, parce que la Loire est notre « terrain de vie ». Nous y avons grandi et y habitons aujourd’hui, à Chalonnes-sur-Loire. Même si nous nous en sommes éloigné·es à plusieurs reprises, la Loire a toujours été présente, et nous l’a rappelé avec vigueur lors de la pandémie de COVID-19. Nous en avons retenu deux leçons. La première : nous ne sommes pas là par hasard, et notre vie est intrinsèquement liée à celle du fleuve. La seconde : nous appartenons à ce lieu et pas l’inverse ; il nous accueille, nous nourrit, nous hydrate… Par conséquent, nous avons des responsabilités à son égard.
Ensuite, parce qu’étonnamment la Loire est assez peu étudiée en comparaison d’autres fleuves français et européens. Et à l’époque – avant le lancement de Loire Sentinelle en 2022 –, on ne savait rien ou presque de l’état de sa contamination en microplastiques et de sa biodiversité via l’ADN environnemental le long du continuum.
Pouvez-vous nous parler de Loire Sentinelle et de la descente de 2022 ?
Loire Sentinelle est un projet de recherche-action-création qui vise à dresser une cartographie inédite de la biodiversité et de la plasticodiversité à l’échelle du fleuve. S’y associent des artistes, auteur·es et journalistes pour tenter de répondre à une question commune : que va devenir la Loire et qu’allons-nous devenir avec elle ? Ensemble, nous avons descendu le fleuve pendant 3 mois (du 1er mai au 24 juillet 2022), des sources à l’estuaire, à pied et en canoë, avec cette question qui nous anime toujours.
Au fil de cette « Grande Descente », nous avons aussi rencontré les ligérien·nes lors d’escales-rencontres menées en collaboration avec la Mission Val de Loire, SOS Loire Vivante, Bretagne Vivante…
Quelles sont aujourd’hui les perspectives pour Loire Sentinelle ?
Elles sont… nombreuses ! La priorité est de faire vivre l’existant : résultats scientifiques, textes, reportages photos, carnets de dessins, documentaires, podcasts, etc. Et de « valoriser » cette matière profuse par un travail de médiation, qui est au cœur du projet. Par ailleurs, nous n’oublions pas le bassin versant : la Loire est son artère principale, l’Allier son artère secondaire.
Tout nous y mène mais tout reste encore à imaginer, depuis le terrain.
Propos recueillis par Tiphaine Crézé