Extrait de la lecture théâtralisée Serre de la Fare - La Loire et les hommes, écrit et lu par Jean-François Arnould, premier président de SOS Loire Vivante.
Pour les sources, les gués, les biefs, les rapides, les gouffres, pour l’omble chevalier, la truite, l'ablette, le barbeau, le sandre, la lamproie, pour les oiseaux qui ne demandent rien à personne, le cincle plongeur, le martin-pêcheur, la pie grièche et le pic épeiche, les hirondelles de rocher toujours en bande, le circaète, le milan noir, le grand corbeau, pour la hulotte et le grand-duc, ces veilleurs de nuit, et pour le petit peuple invisible des loutres, des renards, des blaireaux, des campagnols, des musaraignes, et tant d’autres obscur·es, les couleuvres, les vipères, les lézards, les grenouilles, le sonneur à ventre jaune, pour les libellules toujours très occupées à leurs petites affaires, les papillons, pour les fleurs, les jolies, les rares, les modestes et celles qui ne se contentent pas d’être jolies, qui sont comestibles, l’oseille sauvage, les asperges, la prêle, la saponaire, pour les pins ancrés dans la falaise et ceux de la pinède au bord de l’eau, les saules et les aulnes, les hêtres, les fougères, les genêts, les ronces, la broussaille, l’herbe, la terre, les cailloux, le sable, les galets, pour la petite maison de Marie-Rose et son jardin au bord de la Gazeille, pour les paysans, le paysage, pour les baigneurs et les baigneuses, les promeneurs et les promeneuses, les randonneurs, les randonneuses, pour les amoureuses avec leurs amoureux, pour les solitaires, le pêcheur à cuissardes, pour moi, pour vous, pour nous, pour les enfants des ingénieux ingénieurs et les familles des aménageurs, leurs petits-enfants et les nôtres, pour les sinistré·es de la crue de septembre 1980 et les riverains de La Palisse à Goudet, de Goudet à Brives, de Brives jusqu’à Nantes, pour tout le monde, d’ici, d’ailleurs, de partout, pour la Loire, la Loire de chez nous, la Loire d’en bas, la Loire de l’histoire, de toujours, de plus tard, la Loire, la vie.