21es rencontres François Rabelais
En novembre 2006, dans le cadre des 2es Rencontre François Rabelais, l’IEHCA lançait l’idée de faire inscrire par l’UNESCO des éléments de la gastronomie française sur la liste du patrimoine de l’humanité, idée bien saugrenue à l’époque tant aux yeux des spécialistes du patrimoine immatériel à l’UNESCO que des responsables, en France, du ministère de la culture.
Grâce à la mobilisation d’universitaires et de cuisiniers, mais aussi à l’émergence d’un véritable engouement populaire, le 16 novembre 2010 « le repas gastronomique des Français » était inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Pour la première fois, un élément alimentaire pénétrait ce Saint des saints du patrimoine. Depuis cette date, c’est plus de 50 savoir-faire dans le registre de l’alimentation qui ont pu être inscrits tels le washoku (cuisine traditionnelle japonaise), le couscous, la pizza napolitaine, le ceviche péruvien, la harissa tunisienne, le bortsch ukrainien, la baguette de pain française, le kimchi coréen, la soupe tomyum-kung de Thaïlande etc. Rien qu’en 2024, plus d’une quinzaine d’éléments alimentaires ont été inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cela témoigne d’un grand désir de toutes les communautés humaines de notre planète d’affirmer pour elles-mêmes et à la face du monde l’importance pour leur culture, leur patrimoine et leur identité de tel ou tel élément alimentaire transmis en leur sein de génération en génération.
En 2025, la région Centre-Val de Loire a souhaité fêter les 15 ans de l’inscription du Repas gastronomique des Français. Tous les acteurs culturels et touristiques de la région sont invités à proposer des évènements célébrant cet anniversaire. L’IEHCA, dans le cadre des 21es Rencontres François Rabelais, revient sur ce vaste mouvement initié en 2006.
Guy Savoy, qui a joué un grand rôle dans la mobilisation en faveur de l’inscription, nous fait l’honneur de présider ces Rencontres. Ce sera l’occasion, lors d’une journée spéciale d’hommage (le 4 novembre 2025), de revenir sur son élection, le 13 novembre 2024 à l’Académie des beaux-arts. Pour la première fois, un cuisinier était élu au sein de l’une des cinq Académies abritées par l’Institut de France. Nous souhaitons à cette occasion revenir sur la signification de cette élection, sur sa portée symbolique et ce qu’elle dit de la culture française aujourd’hui.
Le 5 et 6 novembre 2025, deux journées de réflexions traiteront du thème « Cuisines et patrimoine de l’humanité ». Ce sera l’occasion d’évoquer la définition du patrimoine culturel immatériel et ses évolutions. Nous insisterons sur la manière dont l’UNESCO l’appréhende aujourd’hui et comment se construit, année après année, la « jurisprudence » de la convention de 2003 sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Nous examinerons également les Inventaires nationaux du patrimoine culturels immatériel, leurs modalités et les enjeux qu’ils revêtent. Une large place sera faite aux cuisines du monde et aux différents éléments alimentaires inscrits par l’UNESCO sur la liste représentative. Comment chaque pays et communautés abordent ces questions. Quelles politiques de sauvegarde et de mise en valeur sont mises en place ? Qu’est-ce qui a changé après l’inscription pour tel ou tel élément ? Comment intégrer davantage les cuisines et les gastronomies au sein des politiques culturelles et patrimoniales ? Le bien manger passe-t-il par l’éducation et la culture ? La cuisine sera envisagée comme vecteur de lien social favorisant la découverte et la connaissance de l’autre.